Dévoilement d'une plaque commémorative : discours de Monsieur le maire Philippe de Beauregard

Dévoilement d'une plaque commémorative : discours de Monsieur le maire Philippe de Beauregard

Dévoilement d'une plaque commémorative en souvenir des familles juives BERENBLUT, JERUCHEMSON et SACKS, réfugiées dans le bâtiment communal situé derrière le Ravelin, puis déportées en Pologne pendant la Seconde Guerre Mondiale.
 
En présence de :
 
- Monsieur le Rabbin LLEWYN-CHAMAN
- Monsieur GOBERT, président de l’Association Cultuelle Israélite d’Avignon,
- Le Docteur Meyer BENZECRIT, président de l’Association Cultuelle Israélite de Carpentras,
- Madame Marie-France Lorho, députée de la 4ème circonscription de Vaucluse,
- Madame Catherine Rimbert et Monsieur Thierry d'Aigremont, conseillers régionaux,
- Monsieur Jean-Claude OBER, conseiller départemental de Vaucluse,
- Monsieur Julien MERLE, président de la Communauté de communes Aygues Ouvèze en Provence et maire de la Commune de Sérignan-du-Comtat,
- Madame Isabelle DALADIER-MARTIN, maire de TRAVAILLAN,
- Monsieur Louis BISCARRAT, maire de Jonquières
- Le Colonel Guillaume DESCHAMPS, commandant la Base aérienne 115 Orange,
- Le Capitaine CHOLET, commandant l’escadron 16/6 de gendarmerie mobile d’Orange, est représenté par un militaire,
- Le Lieutenant Didier LECCHI, chef du centre de secours intercommunal de Vallée de l’Aygues, en représentation du Colonel Jérôme SOTTY,
- Monsieur Didier RUDIVER, en représentation de Monsieur SANTAMARIA, secrétaire Général de l’Association nationale des membres de l’ordre national du Mérite.
 
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Veuillez trouver ci-dessous, le discours de Philippe de Beauregard, maire de la Ville de Camaret :
 
« Nous poursuivons cette cérémonie du souvenir par l’évocation d’un épisode tragique de l’histoire de notre village.
 
J’ai été informé par Monsieur René-Louis THOMAS de la présence d’une famille juive à Camaret pendant la seconde Guerre Mondiale, et il m’a proposé de lui rendre hommage.
 
En 1941 arrive à Camaret une grande famille, l’association de trois familles qui n’en forment qu’une seule, sous l’égide du grand-père Moshé BERENBLUT, âgé de 81 ans à son arrivée. Moshé BERENBLUT est accompagné de :
 
- Sa fille : Bluma avec son mari Salomon JERUCHEMSON, ainsi que leurs deux enfants Hélène et Albert, de 15 et 11 ans respectivement en 1941.
 
- Sa deuxième fille : Elka avec son mari Hener SACKS, avec leurs deux enfants Eli (4 ans) et Albert (3 ans)
 
- Sa petite fille Régine KLAJNLERER, une adolescente de 15 ans née de sa troisième fille. Les parents de Régine, Ides, née BERENBLUT, et Samuel, ainsi que sa grande sœur sont décédés dans le ghetto de Varsovie avant son départ.
 
Ils vivent ici quelques temps, parmi les Camarétois, jouant dans les mêmes cours d’école, buvant les mêmes cafés, se plaignant sans doute du même mistral. Quand les autorités, représentantes du régime de Vichy, se rendent à Camaret, le maire Monsieur Fernand GONNET leur assure qu’aucun juif ne vit ici. Mais le 24 août 1942, la famille JERUCHEMSON et Hener SACKS, le mari d’Elka, sont arrêtés, visés par la liste de déportation publiée deux jours plus tôt par la préfecture. Ils sont transférés aux Milles, puis à Drancy, et enfin à Auschwitz en septembre 1942. Le reste de la famille, Elka, ses deux enfants, Moshé le patriarche et Régine la jeune cousine, seront quant à eux arrêtés le 7 juin 1944. Aux yeux de tous, dans un silence glaçant, les soldats allemands sortent de leur traction avant noire avec leurs chiens loups, et font monter la famille dans un bus.
 
Ils seront déportés à Drancy puis à Auschwitz. Sur les 10 personnes arrivées en 1941, seule une d’entre elles aurait survécu : Régine KLAJNLERER, libérée en 1945.
 
Les équipes municipales se sont affairées à retrouver l’identité de ces personnes, à retracer leur histoire. Je prendrai ici le temps de sincèrement remercier Madame Liliane DIAZ, accompagnée de Madame Corinne PAGANO pour leur travail de recherches rigoureux, ainsi que Madame Renée DRAY-BENSOUSAN, historienne agrégée d’histoire, membre de la Commission départementale sur les spoliations des Juifs dans les Bouches-du-Rhône, du Conseil scientifique de la fondation des Milles et du Mémorial de la déportation, qui ne peut malheureusement pas se joindre à nous ce jour, pour son aide précieuse. Je remercie à leur tour Madame Marguerite DIANOUX, Monsieur Jean-Pierre PECOUT, ainsi que Messieurs Hubert LAGET et Jean Noël LECCHI pour leurs témoignages de première main, propos recueillis par Madame DIAZ et Monsieur GILL, avec l’aide de Madame Marie-Blandine PICCA. Marguerite, Jean-Pierre, Hubert et Jean-Noël qui nous ont fait partager quelques souvenirs de leurs jeunes années avec la famille en question.
 
Je remercie infiniment pour leur présence les représentants de la communauté juive de Vaucluse, les élus et les représentants d'associations civiles et militaires.
 
Encore un grand merci à René-Louis THOMAS, qui nous a proposé cet hommage.
 
En ce 25 avril 2023, nous dévoilons une plaque en leur souvenir, pour ne jamais oublier le véritable prix de la paix et de la liberté. Il est de notre devoir de veiller à la transmission de leur histoire, de notre histoire. Il est de notre devoir, encore ce jour, face à la montée de l’antisémitisme dans notre pays, de condamner fermement les actes de terrorisme et de barbarie, quels qu’en soient les auteurs.
 
En ce 25 avril 2023, nous rendons hommages aux oubliés de l’histoire de notre village, en brisant le silence qui les a trop longtemps entourés. Encore merci à tous ceux qui ont rendu cette cérémonie possible, c’est avec émotion et fierté que je vais dévoiler la plaque commémorative en l’honneur des familles JERUCHEMSON, SACKS et BERENBLUT. »
 
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